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20090913

Exhumation rafraichissante, Fall of because


En creusant dans les limbes du temps, on ne trouve pas que de vieux trucs deglingués...outre les bijoux en décomposition que tous le monde connait, TSOTL aime bien fureter la pelle à la main histoire de vous dégoter un peu de fraicheur...

Pour celle là on a attaqué le tombeau familial de Justin Broadrick...c'est profond et sombre (mais pas vraiment chaud et humide)...



FALL OF BECAUSE - Life is Easy - 1999 ( Invisible Records )

De tous les side-projects pré-Godflesh de J. Broadrick, Fall Of Because fut l’un des plus significatifs dans le sens où on peut ici établir une filiation directe entre les deux entités. Ce que nous avons là est une compilation de sessions « studio » et live, enregistrées entre 1986 et 87, soit immédiatement avant la formation de Godflesh. Le line up est d’ailleurs le même (Broadrick/Green/Neville), à la différence près que Broadrick est ici batteur/hurleur. Pas encore de boîte à rythme ici donc, mais déjà une grosse présence des samples (sur bande, en ces temps primitifs), des larsens (parfois en surnombre), et des pulsations tribales et hypnotiques (avec des accélérations punkisantes entre les deux) de la batterie, quasiment utilisée comme une percussion et solidement secondée par une basse légèrement distordue mais très présente, soit une base rythmique parfaite pour donner du corps aux déchirements samples/voix/guitare. Aucune trace d’overdubs, pas de noise-gate, ne parlons pas de triggs…Une approche musicale et esthétique radicalement moderne, à tel point qu’on a du mal à croire que ça a été enregistré il y a 20 ans !!! Enfin, certains aspects de la production (comme le son de la batterie) ne permettront pas l’auditeur de croire à une production (underground, hein) récente, mais quand même, c’est à des années lumières des canons de l’époque, qu’on parle de metal (même le plus aventureux des 80s), de new wave, d’indus ou même du rap encore naissant. Dans une certaine mesure, et plus pour l’esprit que pour le son, on peut rapprocher l’attitude de Fall Of Because de celle du Napalm Death de Scum, pas seulement parce que les deux sont de Birmingham et que Broadrick a un temps joué dans le groupuscule à géométrie variable qu’était ND en ce temps là, mais surtout parce qu’on sent (plus que ça, ça saute à la gueule) la même envie de hurler sa différence, son anti-conformisme, son aliénation et son dégoût d’un environnement de grisaille et d’économie agonisante qui n’a rien à offrir à la jeunesse issue du milieu ouvrier : une réalité, à l’époque du régime de Thatcher, pionnière en matière de fermeture d’usines et autres sites industriels qui avaient fait survivre des générations de banlieusards. Industriel, industriel…un terme qui revient à l’esprit à l’écoute de ce Life Is Easy, pourtant peu mécanisé mais qui porte les germes d’un son nouveau ou ces instruments autrefois normaux se mettent à imiter des machines, pour sortir des sons finalement cent fois plus passionnants parce que moins prévisibles. Souvent dérangeants, ces sons se font parfois carrément déroutants (‘Grind’, ‘Malewhoreslag’), plus rarement mélodiques, encore plus rarement humains (‘Merciless’), avant de terminer sur un délire tellement halluciné qu’il en devient presque trisomique (‘Survive’).

...


Fin de citation



pour la suite on se précipite sur TSOTL

20090907

Mise en bouche 1, the Swans


c'est à de basses fins commerciales que j'exhume ce début de chronique de TSOTL

SWANS - Soundtracks for the Blind - 2001 ( Young God Records/Atavistic ) + long détour par tous leurs disques !


C’est avec humilité que je m’attaque à cette chronique des Swans, une quasi institution pour ceux qui connaissent, quant à moi je dirais un groupe qui fait un peu plus que de la musique, n’ayant pas non plus envie de rentrer dans un débat dans lequel je n’ai pas ma place vue ma faible culture. En tout cas, sans se tromper, on peut parler de ce groupe comme sous estimé quant on compare son succès, à sa qualité et à la masse de groupes qu’ils ont influencés. Culte donc, mais pas au sens archéologique du terme : leur musique n’est pas datée surtout qu’elle touche parfois l’intemporel. Pour revenir à la notion de succès, la dureté des compositions des Swans et les feelings qu’elles dégagent ne sont de toute façon pas accessibles à la masse, et je dis cela sans élitisme, mais bien parce que leur musique est difficile d’accès et ne constitue en rien de « l’entertainment » cassant donc radicalement, tout comme l’industriel, par rapport à la musique populaire, rock, punk, etc trop souvent devenues de purs produits de consommation dénués de toutes émotions réelles ou capacités à éveiller des idées. Bref les Swans date de l’age d’or où certains avaient décidé d’éclater la musique de manière profonde

Initialement créature de Michael Gira, maintenant derrière le label Young Gods (http://www.younggodrecords.com/), les Swans sont nés en 1981 à New York des suites de ses pérégrinations de jeunesse peu recommandables. Un peu en loose, notre homme a été à l’époque fortement influencé par l’esprit du punk et des pionniers de l’industriel tels que Throbbing Gristle et SPK montrant que la violence n’était pas l’apanage du punk en mettant en musique un peu de situationnisme, de chocs culturels, beaucoup d’ironies, de cynisme et énormément de tabous. M. Gira fut ensuite rejoint par l’inquiétante Jarboe, qui devint par la suite sa compagne et un des moteurs des Swans, qui reste quand même sa créature. Créature constamment habitée par Norman Westberg (jouant aussi pour Fœtus à l’époque) à la basse et à la guitare, et aussi Ted Parsons ou plus tardivement Bill Rieflin.

Les premiers releases des Swans, (principalement « Swans, » « Filth », « Cop » et « Young God »), rentraient dans ce que l’on appelait du noise (on rangeait aussi Sonic Youth dedans, groupe crée à la même époque) sauf que les Swans pratiquait un style ultra lourd, zéro concession, larsen, rythmique mécanique froide aussi fine qu’une enclume et dérangeante, son de basse omniprésent et très métallique, chant bien déjanté, touches de samples et boucles (tout nouveau alors et le tout sur cassette) le tout avec cynisme (l’homme écrasé par le poids de l’argent et autres thèmes joyeux et désabusés argent/pouvoir/sexe/travail puis religion par la suite), n’hésitant pas à flirter avec l’extrême longueur et pratiquant des concerts très physiques qui étaient de grandes messes du chaos professé par un mur de son...Pour être très clair, si on prend par exemple, l’album Cop sorti en 1984, on voit que les Swans sont par exemple les pères de Godflesh. Godflesh n’a absolument rien inventé, à la limite on peut se demander si les morceaux « Half Life » et « Your Property » n’ont pas été directement repompés par Godflesh. Bref Godflesh a resservi le style quant les esprits étaient plus prêts (et encore). Cela donne une idée du style novateur et nihiliste pratiqué au début des années 80 par le groupe. Bref les avec les Swans exit le punk style surfait, mou, devenu mainstream et conventionnel 3 ans après son apparition…avec les Swans on touche au crade au pas beau…aux concerts qui vous marquaient les oreilles au fer rouge, au zéro concession…Après, la contrepartie prévisible d’une telle approche est un coté monolithique/monotone rendant le tout difficile à ingérer. Mais je me remets des titres dans les esgourdes de temps en temps avec plaisir et passant outre le son, bon mais surpassé pour un style lourdingue comme ça, restent des compositions de qualité. Et plus j’y pense en fait, plus le son « vintage » contribue au feeling cradingue du groupe.

Bref avec « Greed » et « Holy Money » en 1986, si on reste toujours dans le douloureux, la musique prend un tour ....

pour ce qui est d'enlever le bas, la suite sur TSOTL


Les Swans en 1984: