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20101023

Godflesh - pure


GODFLESH - Pure/Cold World - Earache 1992

Si Slavestate avait libéré le groupe de son carcan grindcore, Pure cimente en quelque sorte l'identité metal indus de Godflesh. Toujours plus en avant dans le mix, mais rugueuses et grésillantes comme c'est pas permis, les guitares égrènent maintenant de "vrais" riffs par contraste avec les premiers efforts plus noisy. Qu'on se rassure, les harmoniques saignantes de Justin Broadrick n'ont pas disparu pour autant, et le bonhomme n'est pas plus devenu un sous produit de Tony Iommi. GC Green est par contre plus difficile à distinguer dans le mix, ce qui est une source possible de dissatisfaction quand on se souvient de son timbre écrasant sur les deux premiers efforts du groupe. Un troisième larron apparaît aux guitares en la personne de Robert Hampson (ex Loop), jouant un peu le même rôle que son prédécesseur Paul Neville (parti monter le plus psychédélique Cable Regime) : en sus des riffs de Broadrick, il rajoute des espèces de leads littéralement monocordes, souvent dans l'aigu, pour créer plus de dissonance la plupart du temps. C'est pas que ce skeud en manquait à la base...

Pure, bien que plus metal en apparence, est à certains égards encore plus déroutant que Slavestate. S'il n'y a plus de rythmes technoïdes, tout l'album baigne dans une sorte de marasme halluciné. Un peu comme quand on regarde crever un pays du tiers monde aux infos, trop abruti ou blasé pour réagir. Les textes se résument à quelques bouts de phrases à peine intelligibles, tour à tour fantomatiques ou déshumanisés par le traitement delay/reverb/pitch-shifter et dieu sait quoi d'autre. Une influence shoegaze (pré Jesu ?) se fait jour lorsque le groupe prend des allures mélodiques comme sur 'I Wasn't Born to Follow', 'Don't Bring Me Flowers' voire pourquoi pas 'Monotremata', avec cette voix presque angélique noyée dans l'écho. Si les 5 premiers titres maintiennent une tension constante et une certaine cohésion au niveau des idées comme d'un groove génétiquement modifié aux samples, la suite bascule dans l'improbable complet. Shoegaze, double grosse caisse synthétique et thrashisante (!) sur 'Baby Blue Eyes', quant au dernier titre 'Love, Hate (Slugbaiting)' c'est tout bonnement inclassable. L'ombre de Throbbing Gristle (et son 'Slugbaiting' justement) plane sur ce morceau tout en ambiances qui fleure l'aliénation et le découragement les plus complets. L'album se termine sur 'Pure 2', un larsen de guitare de 20 minutes agrémentés d'effets assez flippants. La chose n'aurait pas dépareillé sur un album de Final (projet ambiant de Broadrick) et clôt de façon encore plus étrange un disque qui ne l'est pas moins.

Godflesh ne fait pas vraiment joujou avec son auditeur, ne cherchant pas plus l'interaction qu'un autiste. Pourtant, ce skeud est d'une intensité émotionnelle rare, et porte bien son titre en ce qu'il n'impose jamais rien à l'auditeur. Tout y est si abstrait, déconnecté de tout et tout le monde, que seule compte l'interprétation personnelle, un indice peut-être donné par la phrase clé du morceau titre : "Deny your disease, isolate, pure". Probablement le release le plus hypnotique et halluciné de la première période du groupe, un anti-Streetcleaner à (re)découvrir d'urgence, si ce n'est déjà fait, pour les plus audacieux d'entre vous.

Un mot sur le EP 2 titres Cold World, issu des mêmes sessions. 'Nihil' est une sorte de transition entre Slavestate et Pure, avec son synthétisme glacial et indifférent, son surréaliste groove dansant (regardez donc la scène dans la boîte de nuit dans le film Hideaway !) et sa voix trafiquée et désabusée. Le titre éponyme, lui, est assez dans la veine de 'Don't Bring Me Flowers' avec cette voix claire désincarnée et aux articulations totalement inintelligibles. On y trouve même une certaine grandiloquence avec ces synthés pseudo symphoniques volontairement naïfs, mais aussi et surtout une solitude, une détresse et un désespoir sans fond, d'autant plus crédibles que difficilement feints connaissant le caractère torturé du sieur Broadrick. Quand seules les guitares se font entendre, on croit sentir le poids du monde sur ses épaules. Rarement si peu de notes n'avaient exprimé autant. Depuis les bluesmen du vieux Sud peut être.

20090913

Exhumation rafraichissante, Fall of because


En creusant dans les limbes du temps, on ne trouve pas que de vieux trucs deglingués...outre les bijoux en décomposition que tous le monde connait, TSOTL aime bien fureter la pelle à la main histoire de vous dégoter un peu de fraicheur...

Pour celle là on a attaqué le tombeau familial de Justin Broadrick...c'est profond et sombre (mais pas vraiment chaud et humide)...



FALL OF BECAUSE - Life is Easy - 1999 ( Invisible Records )

De tous les side-projects pré-Godflesh de J. Broadrick, Fall Of Because fut l’un des plus significatifs dans le sens où on peut ici établir une filiation directe entre les deux entités. Ce que nous avons là est une compilation de sessions « studio » et live, enregistrées entre 1986 et 87, soit immédiatement avant la formation de Godflesh. Le line up est d’ailleurs le même (Broadrick/Green/Neville), à la différence près que Broadrick est ici batteur/hurleur. Pas encore de boîte à rythme ici donc, mais déjà une grosse présence des samples (sur bande, en ces temps primitifs), des larsens (parfois en surnombre), et des pulsations tribales et hypnotiques (avec des accélérations punkisantes entre les deux) de la batterie, quasiment utilisée comme une percussion et solidement secondée par une basse légèrement distordue mais très présente, soit une base rythmique parfaite pour donner du corps aux déchirements samples/voix/guitare. Aucune trace d’overdubs, pas de noise-gate, ne parlons pas de triggs…Une approche musicale et esthétique radicalement moderne, à tel point qu’on a du mal à croire que ça a été enregistré il y a 20 ans !!! Enfin, certains aspects de la production (comme le son de la batterie) ne permettront pas l’auditeur de croire à une production (underground, hein) récente, mais quand même, c’est à des années lumières des canons de l’époque, qu’on parle de metal (même le plus aventureux des 80s), de new wave, d’indus ou même du rap encore naissant. Dans une certaine mesure, et plus pour l’esprit que pour le son, on peut rapprocher l’attitude de Fall Of Because de celle du Napalm Death de Scum, pas seulement parce que les deux sont de Birmingham et que Broadrick a un temps joué dans le groupuscule à géométrie variable qu’était ND en ce temps là, mais surtout parce qu’on sent (plus que ça, ça saute à la gueule) la même envie de hurler sa différence, son anti-conformisme, son aliénation et son dégoût d’un environnement de grisaille et d’économie agonisante qui n’a rien à offrir à la jeunesse issue du milieu ouvrier : une réalité, à l’époque du régime de Thatcher, pionnière en matière de fermeture d’usines et autres sites industriels qui avaient fait survivre des générations de banlieusards. Industriel, industriel…un terme qui revient à l’esprit à l’écoute de ce Life Is Easy, pourtant peu mécanisé mais qui porte les germes d’un son nouveau ou ces instruments autrefois normaux se mettent à imiter des machines, pour sortir des sons finalement cent fois plus passionnants parce que moins prévisibles. Souvent dérangeants, ces sons se font parfois carrément déroutants (‘Grind’, ‘Malewhoreslag’), plus rarement mélodiques, encore plus rarement humains (‘Merciless’), avant de terminer sur un délire tellement halluciné qu’il en devient presque trisomique (‘Survive’).

...


Fin de citation



pour la suite on se précipite sur TSOTL